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"La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri" - Chamfort


jeudi 20 décembre 2007

Pauvre Belgique - poème en alexandrins

A tous ceux qui se souviennent de ce qu'est un alexandrin, voici un petit exercice de style
inspiré par l'air du temps...
Comptez les hémistiches avant et après les césures : il s'agit bien d'alexandrins et je
pense que la situation méritait bien cette forme "Racinienne" ou... "Cornélienne" (sic)...
J'ai appelé cela...

PAUVRE BELGIQUE!

Il était une fois, en un lieu de cocagne,

Deux peuples identiques qui cherchaient la castagne…

Les uns parlaient françois, devisaient en wallon.

Les autres, en flamand : rangés sous le lion,

Ils se heurtaient au coq et les deux oriflammes,

Quand ils se rencontraient, crachaient de hautes flammes !

Mais, cachés dans les rangs de ces bandes de cons,

Colombes déguisées en habits de faucons,

Quelques rares bilingues, souvent sexagénaires,

Parvenaient à parler avec leurs « adversaires ».

Ces sages érudits dialoguaient de tout

Sans rien montrer jamais de l’horrible courroux

Que leurs partis haineux, avides de batailles,

Voulaient manifester envers l’autre piétaille !!!

Car ces hommes de bien, souvent des rescapés,

N’avaient en ce pays pas connu que la paix :

Tentés pangermaniques sous bombes et shrapnels,

Mortellement brisés aux discours de Degrelle,

Rescapés de la guerre, ces doux miraculés,

Face à la bête immonde, n’avaient pas reculé…

Et revenus des morts, de l’horreur de la guerre,

Avaient tous réappris le sens du mot « prospère »,

Reconstruit le pays par bribes et morceaux

Et calmé leurs poulets, leurs ardents lionceaux

En leur ré inculquant d’essentielles valeurs.

Tout se reconstruisait sans reproche et sans peur :

Cockerill tournait bien, Sidmar apparaissait

Anversois et Gantois parlaient toujours français…

Et les choix politiques, oranges, bleus ou rouges,

Se succédaient alors sans que rien vraiment bouge…

Concertations, conclaves : de tout, l’on discutait

Et l’on faisait l’Europe, nous, les Belges futés,

On rassemblait la France et l’Allemagne à table !

On devenait vraiment partenaires affables…

Mais un jour, il n’y eut plus de recensements…

Pour la première fois, des bourgmestres flamands…

Puis l’Université la plus vieille d’Europe,

Décida d’employer des moyens interlopes

Pour se débarrasser de tous ses fransquillons…

Perdant à tout jamais sa réputation…

Les Fourons s’échangeaient contre Mouscron Comines

Et les facilités se faisaient champ de mines…

Les sages, peu à peu, mouraient, disparaissaient

Et je n’aimais pas tous ceux qui les remplaçaient…

D’autant qu’à chaque fois qu’un nouveau politique

Apparaissait chez nous –facile est la critique-

Je me souviens d’avoir, devant ce député,

Souvent dû regretter d’être un peu dépité…

Sans même remonter jusqu’aux années cinquante,

Mérite-t-on vraiment ceux qui nous représentent ?

Si nous prenons Martens –et dois-je en dire plus ?-

Si nous le comparons à ce Leterm’minus,

Cheveux neige d’antan, comme je vous regrette…

Car pour vous, l’équilibre était plus qu’une dette…

Et ne me parlez pas de nos partis wallons :

Là aussi, les anciens avaient l’air bien moins con !

A la Madame « non », la Joëlle Milquet,

Je préférais encore ce maft de VDB !

J’entends la voix de Cools qui martèle et résonne !

A la place ? Un filet fluet qui… papillonne…

Et Spaak au FDF, ce n’était pas Maingain !

Et Lagasse ou Outers savaient tendre la main !

Jamais, les extrémistes n’auraient cherché le « bang » :

Les Flamands n’avaient pas créé le Vlaams Belang…

Quand Jean Gol pérorait, on comprenait pourquoi !

Reynders, son successeur, c’est la langue de bois !

J’ai cru, à un moment, au retour de De Haene

Mais ses nombreux mandats lui ont tourné le crâne…

Pour moi, le dernier sage, c’est bien Charles Picqué

Grâce à lui, c’est Bruxelles qu’ils n’ont pas pu piquer…

J’habite en Wallonie mais suis né à Bruxelles :

Mon père était Flamand, maman était d’Ixelles ;

L’athénée Fernand Blum m’a construit tolérant

Et l’Ecole Normale m’a créé enseignant :

Pour tout çà, je serai toujours un pédagogue,

Refusant d’agresser, de prendre le ton rogue

Qu’empruntent aujourd’hui ces faux politiciens

Qui ne pensent qu’à eux, aboient comme des chiens

Et qui, pour s’enrichir, font de la politique !

Je rêve d’un pays qui, en ces temps critiques,

Se mette tout à coup à repenser nation,

Oublie son extrémisme, ses plus noires factions,

Et réunisse enfin les partis démocrates.

Et que l’on tranche et coupe partout « où cela gratte » !

Mais que l’on reconstruise l’image du pays

Sans que Flamands, Wallons ne se sentent trahis !

C’est le temps d’oublier de crier « schild en vriend » :

On a tous un ami… qui s’appelle Devriendt…

Daniel D’hondt

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