UN JOUR UN HOMME...
Un jour un homme revendiqua la liberté de marcher sur les mains. Cet original fit quelques adeptes et l'on commença à voir des citoyens vaquer la tête en bas. Les gens souriaient se moquaient parfois; certains même les traitaient d'acrobates.
Nos originaux, vexés que cette différence soit stigmatisée, se considéraient comme « alter marcheurs » ou « marcheurs différents ».
Ils tinrent « meetings » et conférences de presse. Ils expliquèrent cette liberté de marcher sur les mains comme un droit imprescriptible. Ils organisèrent le grand défilé de la fierté d'être « manomarcheurs ». Plus personne n'osa se moquer.
Ils lancèrent des lignes de vêtements avec boutons sur la ceinture pour que la chemise ne retombe pas. Bref, la tendance était au « cul par-dessus tête ». Tendinites graves et lésions des mains se multiplièrent.
Un obscurantiste hétéromarcheur (qui utilise d'autres membres que les mains pour marcher) osa prétendre que la manomarche était en cause.
Ce fut un tollé et l'on démontra que des hétéromarcheurs pouvaient aussi avoir ces problèmes. La tendinite devint une cause nationale et partout on construisit des pistes souples pour les manomarcheurs. Ils demandèrent qu'on enseigne, dans les familles, cette pratique aux petits enfants, au même titre que la marche dite «classique ».
Quelques rares politiques s'opposèrent et tentèrent de démontrer que, par nature, l'homme marche debout. Ce fut le grand scandale, les intellectuels frémissant d'indignation répliquèrent que, puisqu'il n'y a pas de nature humaine, pieds ou mains pour marcher, c'est de l'ordre du choix personnel!
On condamna les obscurantistes. Et les alter marcheurs eurent le droit d'adopter.
Un jour un homme décida d'épouser un chimpanzé...
L’humeur de Pasquin, L'Homme Nouveau, 3 mars 2007
un envoi de Marcel C.
jeudi 13 septembre 2007
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