L'anniversaire
(c) Bernard Montaud
(c) Bernard Montaud
Il arriva qu'un jour... ce fut l'anniversaire de César. Pour rien au monde Jacques n'aurait raté pareille aubaine : festoyer avec son vieil ami ! Aussi l'avait-il informé de sa venue pour cette occasion, le prévenant qu'il comptait bien, le soir même, lui offrir un bon repas à l'auberge de Sauveterre, le village voisin. Jacques arriva le jour dit en fin de matinée. Tout à sa joie de revoir César, il claqua la portière de sa voiture et traversa le petit jardin en chantonnant un peu plus fort que de coutume, dans le secret espoir d'attirer son attention. Mais rien ne semblait bouger dans la maison. Il frappa d'abord doucement, puis de manière plus insistante, jusqu'à appeler carrément le vieil homme, quitte à le tirer d'un somme.
Mais rien ni personne à l'horizon ne se manifesta !
"Ça alors, pensa Jacques un peu dépité, mais où peut-il bien être ? Je ne me suis pourtant pas trompé de jour ! Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé... "
Jacques remonta dans sa voiture, résolu à aller demander aux voisins si rien de grave n'était survenu. Ainsi fit-il le tour du voisinage. Personne n'avait de nouvelles de César ! Jacques, inquiet, retourna chez le vieil homme, en se disant qu'il essayerait de passer par une fenêtre. En s'approchant de la porte pour la seconde fois, il remarqua un petit mot coincé contre le chambranle, qu'il déplia en toute hâte.
"Mon Jacques, les clés sont cachées dans la brouette sous les pots de fleurs. Entre, installe-toi bien ! Avant que nous fêtions mon anniversaire, je devais d'abord le fêter moi-même ! Car un anniversaire, c'est une chose sacrée, une sorte de nouvel an personnel qui doit préparer l'année à venir !"
Jacques trouva la clé et entra, perplexe, dans cette maison vide chargée des odeurs du vieil homme. D'abord il attendit patiemment, puis le tic tac de l'horloge commença à l'agacer. Mais que faisait-il donc ? Qu'avait-il de si important à faire pour que cela dure autant?
Vers six heures du soir, le vieil homme apparut en bas de la combe, tout au bout du chemin qui sortait des bois. Il marchait d'un bon pas, en sifflotant de bonheur. "Mais où étais-tu, César ? Je me suis fait un sang d'encre en ne te trouvant pas à la maison... j'ai même ameuté tout le village... Ah ! tu m'as fait peur !"
- Mais mon vieux, n'as-tu pas vu mon petit mot ? César devait vivre son anniversaire avant de le fêter avec toi !
Jacques ne comprenait rien à ce que lui racontait son vieil ami. Aussi fronça-t-il les sourcils, ce qui ne manqua pas d'alerter César.
"Allons mon Jacques, fêter un anniversaire, ce n'est pas seulement fêter un chiffre! Balivernes, tout ça ! enfantillages...
- Mais César, tout le monde fait ça !
- Alors César n'est pas tout le monde ! Car pour lui un anniversaire, c'est un nouvel an qui commence. Et chacun, pour son anniversaire, devrait partir seul quelque part, juste pour faire le point de l'année écoulée, juste pour apercevoir celle qui vient ! Voilà un vrai anniversaire: remettre un capitaine aux commandes du bateau de l'existence, au lieu de laisser nos vies dériver au gré des événements.. comprends-tu? Hé bien voilà, pour moi c'est fait, maintenant j'ai quelque chose à fêter! On y va!!
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